Afin d'éviter la confusion, la répétition et un débat stérile dans les assemblées gouvernementales ou non-gouvernementales, il est besoin d'un document décrivant avec clarté la société ouverte vers laquelle nous croyons que nous progressons, avec en plus une description de la nature, du fonctionnement et des relations entre les entités sociales qui ont leur place dans cette société.
Les propositions suivantes avaient été, dans leur forme initiale, distribuées aux participants au Séminaire de Milan en tant qu'essai de rassemblement de diverses idées-clefs, dont quelques-unes venaient des documents de travail ou des points de vue des participants tels qu'ils avaient été exprimés dans d'autres contextes. L'intention était de fournir un point de départ à partir duquel une position pourrait être élaborée afin d'esquisser un premier jeu de lignes directrices sur le " style " de l'action bénévole et non-gouvernementale dans l'avenir. Dans sa forme actuelle, le texte a été restructuré et clarifié à la lumière des commentaires. En plus, une suite de propositions d'action a été jointe à chaque paragraphe.
1) Différents styles d'organisation peuvent être utilisés en différentes cultures et différents systèmes politiques pour accomplir les mêmes buts. De telles organisations peuvent être soit gouvernementales ou non-gouvernementales, soit à but lucratif ou non lucratif, soit permanentes ou ad hoc, etc. Elles peuvent même être remplacées dans certaines sociétés par l'ensemble des lecteurs d'un périodique, l'assistance d'un programme radio, des démonstrations, des collèges " invisibles ", des accords valables en droit, des systèmes d'information ou des mouvements officiels d'opinion.
Action :
2) Différents styles d'organisation au niveau national donnent lieu à des styles équivalents au niveau transnational. Des organisations transnationales de différentes cultures peuvent ainsi être incompatibles par leur structure, bien qu'ayant des fonctions équivalentes par rapport à leurs propres sociétés.
Action :
3) Un contexte transnational permet d'éviter la nécessité de structurer toute pensée concernant une activité franchissant des frontières nationales en fonction des gouvernements responsables pour ces frontières. Il y a moins d'accent mis sur le gouvernement, en tant qu'organisme monolithique ou même monopolisateur, et plus sur toutes les différentes unités administratives, centrales, régionales ou urbaines qui pourraient être en contact au travers des frontières, indépendamment d'un contrôle central ou tout au moins sans en avoir besoin. De plus, dans cet environnement complexe, il y a moins d'accent mis sur les catégories conventionnelles (gouvernementales, entreprises, sans but lucratif, etc.), ainsi des catégories artificielles ne doivent pas être imposées sur tous les divers types d'organisations. Un accent plus important est mis sur les configurations d'interaction entre organisations - dont la partie gouvernementale pourrait, ou non, être d'une importance majeure pour une question particulière pendant une période donnée.
Action :
III. LE RESEAU D'ORGANISATION
4) Aucune organisation n'est isolée. Elle peut avoir des relations officielles et des accords de collaboration avec d'autres organismes. Elle a des échanges d'informations réguliers avec quelques-uns de ces organismes et des relations officieuses avec d'autres. L'ensemble de ces multiples types de relations constitue une raison qui est une caractéristique importante de l'organisation de la société.
Action:
5) Le réseau interorganisation évolue constamment pour rencontrer de nouvelles exigences sociales; ainsi la configuration d'organisations, à un moment donné, devrait être considérée comme ayant beaucoup moins d'importance que le potentiel de formation de nouvelles configurations à partir d'éléments d'organisation et d'individus actifs.
Action :
6) Le système d'organisation peut être conçu comme étant un réseau d'interrupteurs qui transfère les communications par des voies complexes à travers la société, en les filtrant et en les modulant d'une manière imprévisible, qui change avec le temps au fur et à mesure que le réseau s'adapte à de nouvelles situations.
Action:
7) Le degré de connexité et d'interdépendance directe ou indirecte des organisations suggère que, lorsque deux systèmes d'organisations ont des préoccupations communes ou complémentaires, l'un agit à court terme et contre ses propres intérêts en demandant à l'autre de l'aider dans l'accomplissement de ses propres objectifs de même que lorsque le premier fait abstraction du second qui poursuit les mêmes objectifs d'une manière différente. Les deux systèmes devraient plutôt chercher à améliorer leur fonctionnement en tant que système indépendant et s'assurer que les opérations se renforcent mutuellement d'une manière efficace.
Action :
8) La représentativité d'une organisation est une question complexe. Beaucoup d'organisations ne peuvent pas être géographiquement universelles à cause des limitations constitutionnelles qui, explicitement ou implicitement, les obligent à des préoccupations régionales; d'autres, bien que d'intention universelle, n'ont pas d'homologues en dehors d'une région donnée, soit à cause de la signification hautement spécialisée et géographiquement limitée des préoccupations de l'organisation, soit parce qu'il y a incompatibilité entre les constitutions du membre potentiel au niveau national et l'organisme transnational.
Action :
9) Les caractéristiques et l'accomplissement d'une organisation devraient être jugées autant par la valeur et le degré d'interaction avec d'autres organismes que par une évaluation quantitative de son importance ou de ses programmes.
Action :
10) L'amélioration du réseau d'organisation s'est accompli en mettant l'accent sur le réseau comme totalité, et non par une concentration exclusive sur la fonction d'un seul organisme encadré par le réseau.
11) L'évaluation des organisations, malgré des conclusions quantitatives, devrait reconnaître la signification d'une organisation comme point central d'une communauté d'intérêts, comme noeud d'importance (probablement direct) pour le réseau dans lequel l'organisation est encadrée, comme force de socialisation pour ceux qui sont membres, et, à travers ces processus, comme véhicule pour le développement social.
VI. Coordination et mobilisation
12) Il y a des limites naturelles à la possibilité de coordonner l'action nongouvernementale avec les méthodes d'aujourd'hui; des assemblées comptant trop d'organismes ne peuvent aboutir à des conclusions d'action qu'avec difficulté, du fait qu'un nombre d'organisations approchant la dizaine rend un dialogue adéquat de plus en plus impraticable, cependant que sans un tel dialogue un consensus adéquat ne peut pas être obtenu.
Action :
13) Les organisations transnationales doivent faire face à un double problème: de coordination entre les régions géographiques; de coordination fonctionnelle entre les disciplines ou modes d'action; ces problèmes peuvent être évités en partie par une régionalisation ou une spécialisation, mais le problème fondamental des relations entre des domaines d'intérêt différent reste et doit être résolu afin de traiter les problèmes mondiaux de nature multidisciplinaire d'une manière adéquate.
Action :
14) La complexité d'interdépendance dans le secteur non-gouvernemental peut être considérée comme une assurance majeure contre la manipulation occulte des processus sociaux par des groupements d'élite - pourvu que les organismes non-gouvernementaux aient suffisamment de liberté d'action pour remplir cette responsabilité.
Action :
15) Le degré de fragmentation du secteur non-gouvernemental reflète en partie le besoin d'avoir suffisamment de cadres à travers lesquels des individus actifs peuvent participer d'une manière satisfaisante aux processussociaux avec un sentiment de liberté d'action et d'opportunité pour une contribution personnelle signifiante.
Action :
16) Le réseau d'organisations permet toute la décentralisation nécessaire pour satisfaire le besoin de développement organisationnel autonome et d'initiative individuelle; il permet aussi une très rapide centralisation, une canalisation des ressources, quand un problème complexe (ou un désastre naturel) surgit qui demande l'art d'une refonte spéciale d'organismes. La centralisation dans ces conditions ne lie que les organisations concernées par le problème en question, et uniquement la période pendant laquelle ce problème existe.
Action :
17) Le réseau d'organisations n'est pas " coordonné "ni " dirigé "par un organisme ou un groupe d'organismes; les organisations modifient et redéfinissent le programme de manière continue par suite des interactions ou pour répondre aux actions d'autres organismes dans le réseau. Ceci est un processus d'" autocoordination "dont le degré de réussite est une fonction directe du système d'information dont il dépend; le réseau " se dirige "et s'adapte.
Action :
18) Un essai réussi par une organisation donnée dans la mobilisation de tout un groupe d'autres organisations pour soutenir ses propres programmes sans question ni critique doit être considéré comme une réduction de la capacité générale du réseau d'organisations de rencontrer des problèmes imprévisibles.
Action :
19) Les efforts d'une organisation pour coordonner d'autres organismes ou les manoeuvrer vers une position de dépendance pour des ressources, des informations, ou une reconnaissance dont elles ont besoin, doivent être examinés très soigneusement (pour des traces de violence structurales) relevant d'habitude de pensée d'élitisme ou d'impérialisme.
Action :
20) Le système non-gouvernemental est souvent bien équipé pour s'adapter rapidement aux nouvelles crises, ou, alternativement, pour entreprendre ou maintenir des programmes à long terme; ceci complète les préoccupations et le temps de leurs réactions pour la période intermédiaire (représentée par la législative).
Action:
21) La préoccupation majeure des organismes gouvernementaux dans leurs relations avec l'action non-gouvernementale devrait porter sur la manière et le degré permettant de définir le domaine de compétence non-gouvernementale sans détruire l'initiative, l'intérêt ou l'engagement de l'organisation en question.
Action :
22) Afin de réaliser une application accrue des ressources existantes aux problèmes sociaux détectés et afin de développer la structure sociale, les institutions gouvernementales devraient faciliter l'action de tous les organismes non-gouvernementaux par l'engagement d'aider à résoudre les problèmes en question plutôt que de demander que ces organisations non-gouvernementales mettent leurs propres ressources à la disposition des institutions gouvernementales.
Action :
VIII. Les relations avec les entreprises économiques et multinationales
23) Les organismes non-gouvernementaux jouent un rôle important de chien de garde en agissant en fonction des conséquences nuisibles qui pourraient être le résultat direct ou indirect de l'action des entreprises économiques.
Action :
24) Les organismes non-gouvernementaux peuvent collaborer avec les entreprises multinationales d'une manière utile dans des rôles bien définis, lorsque ces entreprises ont exprimé des préoccupations à propos des problèmes sociaux et d'environnement et à propos des conséquences sociales de leurs propres activités.
Action :
25) Le réseau d'organisations, qui forme la carte de la société, peut être considéré comme une feuille transparente à travers laquelle on peut voir la page sous-jacente qui, elle, représente la réalité des problèmes sociaux à résoudre. La feuille est pourtant déphasée par rapport à la page sous-jacente, ainsi il y a toujours un manque de synchronisation entre les programmes des organisations et la réalité des problèmes qu'on cherche à résoudre. Afin de surmonter cette difficulté il est nécessaire de se fier à la capacité des éléments d'organisations au sein de réseaux, de reconstituer en un laps de temps minimum des regroupements mieux équipés pour rencontrer les nouveaux problèmes perçus. Les rôles et les fonctions des organisations en réseau deviennent d'une importance majeure.
Action :
X. Valeurs
26) Beaucoup d'organisations non-gouvernementales sont d'une importance majeure pour la société, soit en tant que générateurs des nouvelles valeurs plus appropriées aux nouvelles conditions de la société, soit par les efforts de conservation des anciennes valeurs; le secteur non-gouvernemental peut être considéré comme un système de génération et de conservation des valeurs.
Action :
27) La simplification et la stimulation de la génération d'organisations aux niveaux communautaires et provinciaux mènent directement à un débordement d'activités sociales organisées vers le niveau national et transnational.
Action :
28) Le développement de l'activité de chaque organisation a généralement des conséquences secondaires qui sont nuisibles à son environnement naturel ou social. Ces conséquences peuvent créer un domaine de préoccupations et d'actions pour de nouvelles organisations créées à cette fin. Ce processus est un aspect important du développement social.
Action :
29) La société, en tant que réseau d'organisations en évolution, constitue un environnement d'enseignement et d'apprentissage dans lequel le surgissement continu de nouveaux problèmes, majeurs ou mineurs, peut être considéré comme établissant un domaine important dans lequel des organismes peuvent retrouver l'opportunité d'une action signifiante en s'organisant pour résoudre les fonctions ainsi créées.
Action :
30) Il existe une relation étroite entre le réseau des problèmes reconnus par une société, le système de valeurs et d'idées élaboré par cette société et le réseau d'organisations qui sert de médiateur entre eux. Une intégration ou une fragmentation dans un de ces domaines au cours de son activité, peut se propager dans les autres domaines. Il pourrait également avoir des conséquences bénéfiques ou nuisibles sur les êtres humains de cette société.
Action :
31) Le degré d'organisation d'une société est une mesure de son degré de développement social. Le nombre et la variété d'organisations ou de fonctionnaires attitrés par tête d'habitant est une mesure d'opportunité de la participation ou du potentiel socialisant de cette société. De telles données devraient avoir la même importance pour la politique du développement que celles qui concernent les unités économiques.
Action :
32) Le système des associations transnationales constitue la seule opportunité non-subversive ouverte à la jeunesse déçue par les bureaucraties gouvernementales, militaires, économiques, académiques et religieuses qui les poussent à une aliénation totale vis-à-vis de la société.
Action :
33) Les ONG offrent des facilités de canalisation et de centralisation des activités des individus engagés afin de réaliser le maximum de contact pour reprendre le problème en question.
Action :
34) La mise à la disposition de bureaux et de salles de réunions à loyer réduit ou d'autres systèmes de services administratifs partagés dans un seul centre dans les villes principales amène un contact fructueux et officieux entre une variété d'organisations ayant des préoccupations potentiellement liées. Elle augmente l'efficacité, crée des possibilités de contacts de travail autant que de besoin, constitue une " masse critique "nécessaire à un encouragement mutuel, facilite la conception et l'élaboration de nouveaux programmes et fournit une base pour des organismes nouvellement créés pendant la période de leur croissance.
Action :
35) La mise à la disposition des organisations de moyens de communication subventionnés (téléphone, télex, dataling), dans des centres de différents pays, permet à ces organisations de se régionaliser plus efficacement, de lier leurs programmes plus efficacement à ceux d'autres organismes, de répondre plus efficacement et plus rapidement aux urgences, et d'augmenter la capacité d'interaction avec la contre-partie au niveau national.
Action:
36) Le mépris et l'ignorance des droits et de la signification des groupes humains ont eu pour résultat des actes irresponsables qui ont: érodé les structures et les processus sociaux essentiels et les cultures qui s'y rattachent; opposé la pleine participation de tous les groupes concernés par la solution des problèmes sociaux et la compensation des faiblesses dans les activités de chaque organisme; suscité une jungle impénétrable d'organismes sans interaction.
Action :
37) La mise en oeuvre d'un statut juridique pour les organisations internationales non-gouvernementales faciliterait considérablement leurs activités et augmenterait leur efficacité. Une telle reconnaissance devrait pourtant éviter l'imposition de contraintes artificielles qui pèseraient sur le réseau d'organisations afin de ne pas créer une catégorie privilégiée d'entités permanentes et d'isolés qui cacherait la présence d'organismes exclus qui ont une signification sociale.
Action :
38) Les organisations, en tant que participants au processus social, ont des responsabilités à l'égard des individus, d'autres organismes, et de la société tout entière, dans l'esprit de la déclaration universelle des Droits de l'Homme; la responsabilité principale est de faire tout l'effort nécessaire pour attirer l'attention sur les nuisances que ces organisations peuvent détecter.
Action :
39) Le programme d'une organisation, que ce soit voulu ou non, a des effets plus étendus sur un secteur de l'environnement de l'organisation que ce qu'elle considère comme étant de son domaine; les organisations qui souhaitent agir d'une manière responsable envers l'environnement social doivent être en mesure de faire jaillir et d'évaluer les réponses de ceux qui se rendent compte de ces effets mais qui, d'habitude, restent silencieux, et de ceux qui subissent ces effets mais ne s'en rendent pas compte.
Action :
40) Les organisations devraient bénéficier de certains droits pour les protéger dans l'exercice de leurs responsabilités. Ces droits pourraient comprendre: le droit d'être informé des questions touchant le domaine de leur compétence spéciale; le droit d'agir librement dans d'autres pays; le droit de négocier et d'être représenté aux réunions gouvernementales dont les sujets relèvent de leur compétence spéciale; le droit de participation dans la formulation des programmes pour lutter contre des problèmes sociaux dans le domaine spécial de compétence; le droit pour les organisations membres de participer pleinement dans les programmes internationaux; le droit d'inviolabilité de leurs bureaux, de leur courrier et de leurs conversations téléphoniques; le droit de protection pour les fonds et biens contre l'intervention publique; le droit d'accès aux moyens de communication de masse; le droit de protection contre toute discrimination en matière d'affiliation et d'activité; le droit d'accès à des procédures de conciliation et d'arbitrage volontaire; le droit éventuel pour les membres de bénéficier de l'enseignement et d'une formation continue.
Action :
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